9626

Hauts-fourneaux

Au cours de la gestion allemande les HFx de Hayange ont produit les tonnages suivants :

En milliers de tonnes

Patural

Hayange

Fonte Thomas

640

681

Spiegel

3

 

Hématite

80

 

Fonte d’affinage

16

 

Fonte vanadiée

 

24

Fonte de moulage

 

10

Total

739

715

….

L’activité des HFx a donc été relativement importante. En fait, la production à outrance a été recherchée, et seule, prise en considération, sans souci de la qualité, ni du prix de revient , ni de l’avenir des installations.

Production totale

HFx

Moy 38/39

<déc 40

1941

1942

1943

01/08 1944

F1

94.165

2.587

65.012

72.270

46.656

 

F2

09.861

 

 

20.106

83.464

60.692

F3

09.180

 

30.825

69.485

67.078

48.604

F4

70.035

 

 

43.164

67.260

38.158

 

183.241

2.587

95.537

205.025

264.458

147.454

P1

81.408

7.411

78.916

66.280

69.447

28.239

P2

 

 

 

 

33.027

57.538

P4

23.870

6.197

61.893

63.119

61.580

43.805

P6

72.346

 

 

48.554

71.351

42.097

P5

11.848

 

 

 

 

 

 

189.472

13.608

140.809

177.953

235.405

171.679

9630

Production journalière de fonte.

HFx

1935

1939

1941

1942

1943

observations

 

 

 

 

 

 

Remis à feu

F1

268

246

198

198

198

9.12.1940

F2

229

 

 

205

230

27.9.1942

F3

 

180

156

187

191

16.6.1941

F4

202

181

 

187

197

3.5.1942

 

 

 

 

 

 

 

P1

231

215

225

181

193

19.11.1940

P2

 

 

 

 

190

6.7.1943

P4

 

170

174

173

179

14.6.1940

P6

225

209

 

187

200

19.2.1942

 

9633

La comparaison des moyennes arithmétiques est boiteuse parce qu’on y tient pas compte de la durée de marche des différents HFx.

C’est ainsi que la production totale de 1939 est plus élevée que celle de l’année 1938 parce qu’il y avait 11 HFx à feu contre 9 en 1938.

D’autre part, il faudrait séparer les différentes marches-Thomas Spiegel, moulage etc. – pour pouvoir  conclure.

Cependant, pendant l’occupation, 11% de la production était constituée par des fontes autres qua fonte Thomas ; mais seule la fonte vanadiée donne une baisse nette de production ; or elle ne figure que pour 2,3% du tonnage total. Il apparaît donc que la technique allemande n’est pas parvenue à faire rendre aux HFx dont elle a disposé les mêmes productions que nous.

Qualité des fontes

1° fonte spéciales.

Nous ne nous étendrons pas sur les analyses des fontes autres que Thomas ; la fonte au vandium pourrait donner lieu à une étude complète ; elle sortirait du cadre du présent travail.

2° fonte Thomas

Ce qui caractérise les fontes Thomas élaborées pendant l’occupation, c’est :

- une teneur en silicium élevée , indice d’une fonte chaude

9635

(moyenne : 0,65%)

- une teneur très basse en manganèse : cette teneur qui était de 1,2 à1.4 % avant-guerre n’a cessé de descendre au cours de l’occupation pour atteindre 0,5 à Hayange et 0,3 à Moyeuvre.

- une teneur en S élevée : à la coulée elle dépassait souvent 0,1% contre 0,03 à 0,06 avant la guerre ; l’emploi de soude était rendu nécessaire.

Concernant la pauvreté en manganèse : nous ne pouvons la considérer comme une faute technique ; la pénurie de produits manganésés était effective, et les allemands ont fait ce qu’il était possible pour parer à cette déficience.

Il en résultait une fonte sulfureuse, combattue par une marche trop calcaire …. Et c’est là l’erreur.

Cette marche à la limite de la coulabilité des laitiers aurait été très risquée déjà en temps de paix, à cause de l’instabilité des minerais ; elle devenait désastreuse en temps de guerre. Il n’y a que quelques rares chefs allemands qui ont compris, mais la plupart du temps, leur intervention était trop tardive, le feu sortant déjà presque par le gueulard , ou trop courte car le successeur retombait dans l’erreur.

Il convient d’ajouter la faute commise à la mine de mélanger les minerais – signalée plus haut – les origines très variées de coke, la négligence du personnel de maîtrise allemand , les erreurs volontaires commises au chargement par les travailleurs variés (prisonniers etc. …), et l’on peut se faire une idée de la marche des HFx.

Tuyères envahies par le laitier, accrochages sérieux et persistants, étaient à l’ordre du jour.

Des incidents de marche, tels que ceux signalés plus loin sont typiques.

9638

C – prix de revient : consommation, rendement, personnel

1°mise au mille du coke

HFx

Mise au mille et rendement

Avant-guerre 1938-39

1941

1942

1943

moyenne

pourcentage

F1

M

1186

1300

1300

1990

1380

116.5

 

%

27.12

28.5

26.5

26.1

27.05

 

F2

M

1233

 

 

 

1210

98

 

%

24.88

 

 

29.6

30.3

 

F3

M

1186

1200

1200

1300

1240

105

 

%

27.71

25.4

27.4

28.1

28.4

 

F4

M

1181

 

 

 

1300

110

 

%

28.30

 

26.5

27.9

28.9

 

Moyenne

M

1190

 

 

 

1280

108

 

%

27.1

 

 

 

28.6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1

M

1031

1100

1250

1220

1181

114

 

%

30.74

30.6

26

29.3

29.15

 

P2

M

Hors serv

 

 

1112

1112

 

 

%

 

 

 

32.61

32.61

 

P4

M

1199

1220

1190

1340

1257

105

 

%

27.89

27

27

29

28.58

 

P6

M

1080

 

1205

1190

1198

111

 

%

28.01

 

26.4

27.4

27.28

 

Moyenne

M

1098

1151

1213

1225

1195

109

 

%

28.80

29.2

26.3

29.2

29

 

 

9639

La teneur en cendres des cokes a augmenté, même pour les cokes de la Ruhr réputés bons : des 12 et même 14% de cendres n’y sont pas rares.

La consommation moyenne est élevée par suite des fréquents arrêts manque de coke et à cause de la marche calcaire, ainsi qu’il sera exposé plus loin.

Mais par ailleurs, les Allemands ont passé un tonnage très important de ferraille. Sans tenir compte du rendement supérieur, la mise au mille est nettement plus élevée qu’avant l’occupation, en moyenne de 10%

2° rejet de poussières.

Beaucoup de fourneaux ont rejeté des proportions anormales de poussières. La quantité de fonte produite en a été diminuée d’autant. Des calculs sur les rendements effectifs restent difficiles, du fait de l’augmentation considérable de la quantité de ferraille enfournée. Par contre, le taux de poussières est bien connu.

On remarquera dans le tableau ci-après que certains fourneaux ont rejeté moins de poussières pendant l’occupation qu’avant-guerre. Il convient de préciser que leur marche a été ralentie dans une proportion allant jusque 44% de diminution.

 

……

9640

Projection de poussières de gaz (en kg par tonne de fonte.

HFx

1938

1939

Moy.

1941

1942

1943

Moy

%

observations

F1

410

418

414

405

425

358

396

94

Marche ralentie pt l’occup

F2

 

 

 

 

343

356

350

 

 

F3

 

187

187

345

343

234

308

165

 

F4

286

261

273

 

336

236

286

105

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1

179

220

200

243

265

106

204

102

Marche ralentie pt l’occup

P2

 

 

 

 

 

224

224

 

 

P4

 

214

214

343

344

244

310

142

 

P6

259

286

272

 

302

356

329

121

 

9641

Pour pouvoir tenir les HFx tant soit peu, il fallait donc marcher chaud :

D’où : consommation de coke élevée, fonte très  siliciée, accrochages fréquents au moindre changement d’allure.

D’autre part, mauvaise tenue des bouchages et dilatation dissymétrique des creusets car à chaque lâchée les tuyères adjacentes étaient bouchées. Les creusets se disloquaient pour ce motif et par les arrêts trop fréquents (coke n’arrivant plus) et nouvelles lâchées en résultaient.

 

9643

Entretien des installations

1° état au 1er octobre 1944

….

2° quelques exemples montrant une réelle incompétence technique de la part des autorités allemandes

Le mauvais état dans lequel nous avons retrouvé les installations n’a pas eu comme seule cause une négligence systématique de l’entretien provenant d’un occupant qui se sentait passager. Nous pouvons relever contre lui des fautes caractéristiques dont il a ressenti immédiatement les mauvais effets.

a) mise à feu trop brutale.

On sait que de grandes précautions doivent être observées lors d’une mise à feu d’un HF. Faite trop brutalement, elle détermine une mauvaise répartition des

9644

Températures à l’intérieur du HF ; celui-ci peut s’en ressentir pendant toute la campagne.

Trois HFx ont été mis en route par les allemands :

- le HF  8 de Moyeuvre

- le P2 : la mise à feu trop poussée a rongé dès le début les briques de carbone du creuset et des étalages : le fond du creuset baissé de 80 cm environ ; cette particularité , tout à fait anormale vérifiée à la remise en route constituera un grave handicap pour la campagne de ce HF, par suite de la menace constante de lâchées.

- le F2 : il rejette une proportion anormale de poussière pour un HF neuf, et doit avoir déjà d’importants garnissages.

 

a) nombreuses lâchées

nous avons noté que presque chaque HF avait eu des lâchées, par suite d’un refroidissement insuffisant et mal surveillé ; ….

9645

A Patural on a noté au P1 4 lâchées, P4 2, P6 1.

Le P1 a eu 4 grosses lâchées.

 

b)garnissages, accrochages

les accrochages ont été très fréquents, notamment à Moyeuvre …. Le P1 a dû être arrêté par suite de la détérioration du gueulard par feu haut. ….

9646

Le P1 fut dynamité 2 fois dans le but de faire sauter un accrochage. Ce moyen brutal conduisit à la détérioration du briquetage et à l’arrêt définitif de ce HF.

 

d) mauvaise répartition des températures à l’intérieur des HFx

dans les HFx trop poussés ou accrochés trop longtemps sans soins, la température monte exagérément dans les parties supérieures. Il peut en résulter une détérioration des gueulards, c’est ce qui s’est fréquemment produit : …..

en plus le F4

9647

Présente une cuve en mauvais état : elle est gonflée et il faudra la cercler.

Ainsi les allures anormalement chaudes ont amené des incidents que les Allemands n’ont pas su maîtriser.

……

9648

E) conclusion

Si les Allemands ont obtenu des HFx une production assez considérable, ils n’ont pas fait preuve de beaucoup de connaissance technique au cours de leur exploitation, malgré les experts qu’ils ont fait venir à plusieurs reprises. Les remèdes qu’ils appliquaient en cas d’incidents étaient trop brutaux : injections de vent froid, dynamitage ; et ils étaient souvent employés trop tard.

Pour cette raison, jointe à celle de l’absence systématique d’entretien, les occupants nous ont laissé des installations arrivées au dernier degré de vétusté.

Le tableau suivant donne quelques précisions sur l’état des HFx.

En résumé :

- nous avons laissé aux Allemands des HFx usés à 45,5% en moyenne.

- ils nous les rendent usés à 69% en moyenne.

- nous estimons pouvoir faire encore 10.390.000 tonnes sans réfection.

- les Allemands n’ont fait aucune réfection.

- ils ont produit 2.614.000 tonnes de fonte

-nous pouvons produire 5.630.000 tonnes sans réfection complète ; encore faut-il noter que plusieurs HFx nécessiteront des réfections partielles.

- pour produire 2.614.000 tonnes, les Allemands ont usé les HFx comme s’ils en avaient produit 4.760.000 tonnes soit 62% de plus.

 

Je n’ai pas transcrit les notes concernant Moyeuvre, ni les corrections manuscrites au crayon.