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Extrait du Journal l'Alsace
du vendredi 07 janvier 2005

Site : http://www.alsapresse.com/

LIVRES : La mémoire du fer

Jacques Corbion, ancien ingénieur des hauts fourneaux lorrains, a publié « Le savoir… fer ». Souvenir d'un monde qui finira bientôt.

Les mines de fer et de charbon de Lorraine sont fermées, les derniers hauts fourneaux seront éteints d'ici la fin de la décennie.
Avec eux disparaîtra tout le vocabulaire forgé au fil des ans par les mineurs et les fondeurs. Un vocabulaire d'une richesse extraordinaire que l'ingénieur Jacques Corbion a eu l'idée de collecter il y a plus de vingt ans. « C'était en 1980.
J'étais frappé par les mots employés dans les usines et les mines.
Je trouvais certaines expressions très belles. J'avais constaté qu'en Belgique, on n'employait pas les mêmes termes. Alors, j'ai commencé à rassembler les mots des hauts fournistes, ceux du terrain », explique cet ancien élève de l'École Centrale entré chez de Wendel à Hayange en 1961.

“ Des bouts de papiers me sont arrivés de partout”

Il se met à collectionner des petits bouts de papier, des définitions des mots cigare, couteau, curé, diable, gueulard…
De tous ces termes savoureux qui, dans les métiers du fer et de la fonte, ont un sens hors du commun. Il édite très artisanalement une première liste de 730 mots qu'il distribue dans son entourage professionnel, annonçant déjà une mise à jour.
« Certains se sont pris au jeu. Des bouts de papier me sont arrivés de partout, j'ai accumulé les citations et les informations. »
Une deuxième édition a vu le jour, puis une troisième. La quatrième « Coulée » est un ouvrage monumental, édité par l'association « Le savoir… fer », comprenant 60 000 entrées, 72 000 citations, 3 500 références bibliographiques et 330 illustrations.
En tout, quatre tomes qui, réunis, pèsent près de 9 kg.

“ La dernière éditions compte… plus de 8 000 pointes d'humour”

Une mine d'or pour les historiens, les linguistes et tous ceux qui sont attachés au savoir-faire de la mine et de la fonderie.
Au fil des ans, les champs d'investigation se sont élargis, du haut fourneau aux mines, aux métiers, aux outils, aux régions limitrophes, pour aboutir à un tour du monde de la sidérurgie et à une remontée du temps jusqu'à l'homme de fer.
Le cercle de bénévoles entourant Jacques Corbion, tous passionnés par les mots, les métiers et les hommes, s'est agrandi. L'ingénieur, devenu entre temps responsable de la formation, a pris sa retraite de salarié en 1989 et poursuit son travail de Titan.
A 70 ans, il compte bien pouvoir « traiter les archives d'Usinor et plus de 250 rapports de stage de contremaîtres pour compléter le glossaire. Dans trois ou quatre ans, nous sortirons un supplément.
Nous préparons une édition sur CD Rom », annonce-t-il avec enthousiasme. Pour « atténuer quelque peu l'austérité de l'ensemble », il n'hésite pas à manier l'humour : « La dernière édition compte plus de 8 000 pointes d'humour. »

E.S.

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